Bienvenue dans ce chapitre de ma newsletter Le voyage où…
Dans chaque édition, je vous raconte une aventure à travers le monde et l’apprentissage intérieur que j’en ai retiré. N’hésitez pas à y répondre en me partageant vos leçons de vie. Bonne lecture !
Mon manque d’humilité a failli me coûter la vie.
Il pleut à torrent depuis 3 jours, les arbres tombent autour de notre tente, on entend les bruits d’animaux de la jungle. On est désespérés et on se dit adieu à la tombée de la nuit.
Pourtant, si j’avais moins écouté mon égo surdimensionné, je n’aurais pas été dans cette situation traumatisante.
Et c’est ce que je vais vous raconter.
J’atterris à Quito en Equateur pour vivre l’expérience de la jungle.
Je ne suis pas préparée. J’y suis partie sur un coup de tête suite à une histoire que j’ai entendue de trésor Inca.
A cet instant, j’ai 23 ans. Je fais des études de finance à Paris.
Et je n’ai jamais marché plus de 2 heures
Tout commence le soir où on me raconte l’histoire d’un explorateur dans la jungle équatorienne. Ca attise ma curiosité.
Après quelques nuits blanches à y penser, je prends mon billet d’avion pour suivre ses traces.
Avant de rentrer dans la forêt, on doit trouver des bombonnes de gaz pour se faire du feu. On passe toute une soirée à arpenter les rues et magasins. Mais on ne trouve rien. Le lendemain le taxi qui nous emmène dans la communauté des porteurs nous assure qu’on pourra faire du feu sans gaz. Naïvement, je le crois. Et j’abandonne les recherches.
Lorsqu’on arrive au village de porteurs, personne n’est là. Il faut attendre la fin de la journée pour les voir revenir du boulot. Prendre un porteur c’est surtout utile pour trouver son chemin dans une jungle luxuriante qui peut devenir un véritable labyrinthe. Mais je suis impatiente de commencer mon aventure. Et je suis sure de moi pour trouver mon chemin grâce à notre carte et notre GPS. Alors je laisse tomber l’option Porteurs.
A 10h du matin, on passe le pont suspendu qui nous sépare de la civilisation.
Et dès les premiers pas, on découvre un univers auquel on ne s’attendait pas : De la boue et des pentes abruptes. Ainsi, on avance lentement et on tombe à répétition.
Rapidement, j’apprends à sortir de la boue comme des sables mouvants : j’enlève tout le poids que je porte et je m’allonge et roule pour répartir mon poids sur la surface.
A la fin de la journée, on regarde notre carte : on a tourné en rond.
Je commence déjà à regretter les porteurs.
Et il pleut. Où est la bombonne de gaz pour nous faire à manger ? Nullepart.
On est sous la tente, elle fuie sous la pluie, et je ne peux manger que des amandes. Le moral en prend un coup. Je ne m’attendais pas à cette expérience.
Tous les jours qui suivent se ressemblent sauf qu’on apprend à évoluer dans la jungle.
Par exemple, on découvre qu’en contournant les arbres à droite puis à gauche, on tourne moins en rond.
On voit notre force physique et mentale qui s’écroule jour après jour. En même temps, sans feu on ne peut pas se sécher le soir et on ne peut pas manger autre chose que des graines. En temps normal j’ai beaucoup d’énergie et je souris beaucoup, mais là je ne suis plus que l’ombre de moi-même.
Au bout du 8ème jour, il se passe un miracle : on tombe sur une cabane. Et à l’intérieur, il y a de quoi faire du feu : de l’essence durcie et des bouts de jean.
Quand les premières flammes prennent et que je ressens la chaleur sur mes mains, c’est comme si mon père me prenait dans ses bras et me disait : t’inquiète pas, t’es en sécurité.
C’est le pouvoir du feu. J’ai passé une des plus belles soirées de ma vie, mon sourire est revenu, mon rire fort aux éclats. J’ai pu manger à ma faim. Le confort m’a transformé. C’est comme si on m’avait remis de l’énergie en moi.
Mais le problème, c’est qu’avec l’énergie, c’est aussi l’ambition sans limite qui a refait surface. Le lendemain, quand on se retrouve face à un fleuve en cru, je n’accepte pas qu’il soit infranchissable. Je m’attache à une corde, mais je tombe dans l’eau. Je tape à coups de machette les arbres pour les faire tomber en travers du fleuve, mais sans succès.
Au risque de me mettre en danger, je m’acharne toute la journée, mais aussi le lendemain. Et finalement j’arrive à passer le fleuve in extremis. A ce moment là, je me sens surpuissante. Et je me dis que rien ne peut m’arriver. Et les jours qui suivent, j’ai l’impression qu’on avance vite, et qu’on connait la jungle comme notre poche.
Mais …ça ne dure pas.
Alors qu’on est complètement perdus à cause des reliefs liés à l’altitude. On commence à entendre du tonnerre. On essaie d’avancer et de trouver un terrain plat. Mais il commence à pleuvoir de plus en plus. Je glisse dans des trous de racines, je me débats, je m’épuise.
Et là, on commence à voir la nuit qui arrive. Il pleut à torrent. Donc on attache la tente en pente et on s’accroche aux racines pour ne pas glisser. Et on attend.
On ne peut pas fermer l’œil de la nuit. On entend les arbres tomber autour de nous.
Serons nous les prochains ?
C’est effrayant. Après 48h, la tempête ne s’est pas calmé, on manque d’eau et de nourriture. Et je commence à avoir des hallucinations. J’entends des voix qui me parlent.
Un hélicoptère qui vient nous sauver ? Non, ce n’est qu’une illusion.
Le soir, épuisés et en désillusion, on se dit que c’est la fin, et on se dit adieu.
J’ouvre les yeux et je me réveille en vie. Lorsque j’ouvre la tente après 3 jours enfermés sous le joug de la tempête, le soleil est réapparus. Comme si la jungle nous laissait l’opportunité de nous en aller.
On a rebroussé chemin et les jours de marche sont silencieux. Je n’arrive pas à sortir un seul mot de ma bouche. Je suis traumatisée par ce qui s’est passé dans cette tente. J’ai vécu l’expérience de la mort imminente et personne ne peut me comprendre.
Après des années de silence, j’ai décidé de vous raconter cette histoire. J’ai mis un certain temps à comprendre les apprentissages de cette expérience.
Et aujourd’hui, je sais ce qu’il me manquait : l’humilité. J’ai cru que je pouvais aller dans la jungle sans entrainement, sans feu, sans porteur, et en bravant des fleuves en crue. Je pensais que je faisais preuve de courage, pourtant j’étais surtout irresponsable.
Ne pas connaitre ses forces, ses faiblesses, ses limites, c’est se mettre dans une position de risque qui peut te marquer à jamais. Et cela a été mon cas. Suite à cette expérience en Amazonie, mon corps voulait revivre les fréquences extrêmes jusqu’à me mettre en burnout à répétition pendant 7 ans.
Dans un monde dans lequel on applaudit ceux qui osent se dépasser. Je vais surprendre pour mettre ici en valeur ceux qui savent s’écouter, connaitre leurs limites et tenir dans le temps. Car la vie est un marathon, ne l’oublions pas.
Alors soyons humbles mais courageux. Osons mais mesurons.
Je parlerai dans mon podcast des différentes leçons que j’ai retiré de cette aventure. Et il sortira dans quelques jours, donc STAY TUNED !
Merci d’avoir lu ce chapitre
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Un immense merci à celles et ceux qui mettent déjà leur pierre à l’édifice 🙏
Merci Léa... et je crois++ que lorsque nous arrivons à nous écouter, nous accédons à nos vrais besoins, nous identifions mieux nos limites du moment... et alors nous osons mieux. Boucle à entretenir avec l'humilité et la joie d'un jardinier :)
Merci Léa,
Petite question: dans ce premier épisode, tu parles au « je », mais aussi au « on » et au « nous » sans preciser si tu es seule (« nous »littéraire ou québécois) ou dans un groupe. Dans le premier cas, chapeau d’avoir retrouvé un chemin pour revenir vivante. Dans le second, ton inconscience semble partagée avec plusieurs personnes: étai.en.t-elle.s aussi novice.s?