Bienvenue dans ce chapitre de ma newsletter Le voyage où…
Dans chaque édition, je vous raconte une aventure à travers le monde et l’apprentissage intérieur que j’en ai retiré. N’hésitez pas à y répondre en me partageant vos leçons de vie. Bonne lecture !
J’ai 24 ans et je suis dans l’avion en direction du Togo, un des plus petits Etats africains.
Ma meilleure amie passe l’été là-bas pour apprendre de l’artisanat local. J’ai donc décidé de la visiter et en même temps de découvrir ce pays.
Seulement, je n’ai trouvé que très peu de conseils touristiques. Alors je me suis donnée une mission : Laisser les humains et le hasard me guider.
Comment je vais m’y prendre ? Je partagerai un repas avec des togolais avant de leur demander de m’envoyer vers une de leurs connaissances avec qui je partagerai un repas et ainsi de suite.
Pour que cette expérience se passe bien, il faut croire en la bonté humaine et en la beauté des rencontres. Et cette croyance me donne raison lorsque je découvre la vie de mon voisin de vol.
REPAS 1# : L’HOMME AU PASSEPORT
Il s’appelle Peter et il dirige l’agence de développement international en Suède. Il est sans cesse en mouvement pour visiter les zones touchées par Boko Haram (Niger, Nigeria, Tchad, Cameroun) et sensibiliser le gouvernement suédois à la situation critique de 9 millions de personnes.
J’ai des étoiles dans les yeux lorsque je feuillète son passeport. Afghanistan, Syrie, Palestine, Congo, Corée du Nord… il a les tampons des plus grandes zones à tension. Celles que la plupart oublient et que certains, comme moi, rêverait de voir.
Assise sur le sable face à la mer, je me pose des questions :
Est-ce que ce n’est pas illusoire de penser que je serai invitée par des togolais ? Je ne suis qu’une touriste qui a un niveau de vie 10x supérieure aux locaux, je devrais plutôt rester à ma place et suivre les bus de touristes.
Et puis, je suis soudainement envahie par la peur. Je pense à l’attentat qui a eu lieu sur la plage en Cote d’Ivoire en 2016. Il a fait 16 morts, dont un français. Qu’est ce que je fous là, bon dieu ?
Mais tout d’un coup, une voix m’extirpe de mes pensées et me dit : Tu veux une brochette ?
REPAS #2 : L’AVOCAT POETE
Un jeune togolais se penche vers moi avec un grand sourire. J’accepte sa proposition et il s’assied à côté de moi face aux vagues qui déferlent.
Futur avocat, Melesusu a la joie de vivre en lui et aime bouger pour rester jeune. Il a réponse à tout selon ses amis, et s'il cale, son ami Socrate l'aidera: "Ce que je sais c'est que je ne sais pas.”
Il rêve de développer avec des français des soutiens scolaires pour les enfants au Togo dont le niveau ne cesse de baisser (seulement 20% ont leur baccalauréat). Et pour cela, il prône que l'union fait la force.
Raphael aime se définir comme un poète:
"Si t'as vu la fumée sortir de ma bouche.
Ne crois pas que je fume.
C'est mon corps qui brûle d'amour pour toi."
Lors du dessert, Melesusu m’explique qu’il recherche la femme de sa vie. Il m’assure être monogame et sérieux : "Aimer c'est la sincérité pour la vie”
Il me fait beaucoup rire, et lorsque je lui explique mon projet il se propose de m’aider. Après avoir finis notre repas sur le pouce, on se donne rendez-vous sur la plage le lendemain matin.
REPAS #3 : LA COIFFEUSE CHANTEUSE
Des groupements de pêcheurs sortent leurs grands filets de l’eau agitée lorsque je retrouve Melesusu sur la plage.
Il m’emmène voir une amie à lui, elle s’appelle Tchotcho.
"500 F CFA (75c d'€) le défrisage, 300 F CFA le shampoing" Tchotcho coiffe 7j/7 de 6h à 18h depuis 1997.
A côté de sa passion pour le tressage (et toutes autres sciences capillaires), Tchotcho chante et cela superbement bien. Elle me rappelle la douce voix de ma mère.
Très fière, elle me présente sa fille dont le prénom est teinté d'une grande sobriété: Immaculée.
Pour le déjeuner, Tchotcho me montre comment préparer le plat traditionnel togolais : le fufu. L’igname cuite est pilée dans un immense mortier en bois à l’aide d’un pilon. Petit à petit la texture change pour devenir élastique et très moelleuse. Tchotcho sert la boule de pate accompagnée d’une sauce au poisson.
Je vous l’avoue, ce ne sera pas mon plat préféré. Mais il va falloir que je m’y habitue, car les togolais le mangent sous toutes ses sauces à chaque repas.
Avant de repartir dans son salon de coiffure, Tchotcho me donne un petit papier avec le nom de son oncle du Bénin qui est maitre Vaudou. Va le voir tu ne seras pas déçue Débé (c’est le nom togolais qu’elle m’a donné) ! me dit-elle
REPAS #4 : LE MAITRE VAUDOU
Dans une petite pièce d’une grande maison sombre, je fais la connaissance de Ganyehessou. Il est membre des sciences occultes des forces vaudous africaines
Les dieux ont désigné Ganyehessou futur grand Chef Vaudou alors qu'il était dans le ventre de sa mère. Dès l'âge de 5 ans, le grand Chef Vaudou actuel, Calipe, lui a transmis les secrets de la magie blanche pour, dit-il, sauver la vie des hommes.
Alors que la magie noire tuait tant de gens, le Dieu Azizar a kidnappé Calipe pour lui enseigner pendant 41 jours dans la forêt toutes les connaissances fétichistes de la magie blanche.
Les crapauds pilés aideront à lutter contre le bégaiement, les singes fumés permettront de gagner les jeux olympiques et les crocodiles bouillis protégeront la villa.
Mais le plus souvent, les fétiches sont plus ordinaires et petits (plus facile à vendre aux touristes, aussi). Préférerez-vous le fétiche de l'amour "Dis moi oui", le talisman de la chance "Tila" ou les racines de Kpeds communément appelées Viagra d'Afrique ?
Après avoir acheté un fétiche, je m’empresse de quitter ce lieu où les peaux d’animaux séchées me tombent dessus et les cris de Vaudous résonnent contre les murs. Ganyehessou me recommande d’aller vers le Nord du pays pour découvrir le village traditionnel de Bassamba, c’est là-bas que je verrai le Togo défait des influences colonialistes.
J’embarque alors dans un taxi partagé où j’ai la chance d’être installée dans le coffre (nous sommes 10 dans une voiture 5 places).
Alors que je dédie la suite de mon périple à la prochaine édition de ma newsletter, laissons place à la première leçon de ce voyage seule au Togo.
LA LECON : CROIRE EN LA BONTE HUMAINE
Mon expérience de voyage autour du Togo ne tient qu’à une chose : vais-je rencontrer des togolais assez gentils pour m’inviter à partager un repas avec eux ?
A ma grande surprise, ils ne m’ont pas offert que ça. Ils m’ont ouvert les portes de leur intimité et de leur histoire personnelle. Et ils m’ont permis de poursuivre mon chemin en me recommandant de nouvelles personnes à rencontrer et parfois, même en m’accompagnant jusqu’à la prochaine étape.
Ma lecture de l’humain est celle de Rousseau : Je crois que l’homme naît bon et que c’est la société qui le corrompt. A partir de ce constat, je n’ai pas peur d’aller vers l’autre et de lui demander de l’aide. Et vous le croirez ou non, dans 99% des cas je ne suis pas déçue.
A l’heure où l’actualité ne fait que nous montrer un communautarisme grandissant et des conflits humains à travers le monde, je profite de mon récit au Togo pour vous prouver que la vie est bien plus belle lorsqu’on fait confiance aux autres.
L’ACTION : S’OUVRIR AUX INCONNUS
Je vous invite le temps d’une journée à sourire autour de vous et à demander des services aux inconnus qui vous entourent (une place dans le bus, une valise à porter, une information etc.). Vous vous rendrez compte que plus vous changez votre attitude (ouverte et positive), plus votre perception de l’autre évoluera.
Et pour ceux qui veulent aller plus loin, et s’ouvrir aux rencontres pour découvrir une région ou un pays, je donne 6 grands conseils dans mon podcast Le voyage où...
Merci d’avoir lu ce chapitre
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Un immense merci à celles et ceux qui mettent déjà leur pierre à l’édifice 🙏
Incroyable de se dire que toute ton aventure aurait pu s'arrêter à la plage s'il n'y avait pas eu un gars te proposant de manger une brochette. En tout cas, cette transition dans ta narration m'a fait sourire. Hâte de lire la suite :)