J'ai vaincu ma maladie en grimpant à 7000m
#12 Série: Je tente l'ascension d'un +7000m (Partie 4)
Bienvenue dans ce chapitre de ma newsletter Les aventures de Léa Vigier
Je vous raconte chaque dimanche à 20h l’aventure que je mène à travers le monde. N’hésitez pas à me poser des questions j’y répondrai avec plaisir ! :)
J’ai atteins le sommet du Mont Lénine à 7000m et ça m’a permis de vaincre une maladie qui me condamnait.
Je vous raconte tout.
Il y a un an, on me pose le diagnostic de la bipolarité.
Qu’est ce que la bipolarité ?
La bipolarité ou trouble maniaco-dépressif se caractérise par des changements d'humeur qui vont de sentiments d'exaltation à des sentiments de désespoir. Le trouble bipolaire peut causer une manie, soit une croyance solidement enracinée d'être une vedette, de posséder des capacités physiques et intellectuelles exceptionnelles ou d'être invincible. Les épisodes maniaques sont suivis d'une profonde dépression où la personne se sent dévalorisée et désespérée.
Il y a deux grands types de bipolarité :
- Type 1 : Les phases de manies sont délirantes mais les phases basses sont modérées.
- Type 2 : Les phases de manies sont modérées mais les phases basses sont suicidaires.
Dans mon cas, je suis de type 2.
Mon médecin ainsi que les malades que je rencontre m’expliquent que face à une telle instabilité d’humeur, d’énergie et d’émotions, je dois me construire une vie très stable :
- Avoir des horaires fixes
- des routines bien ancrées
- un environnement social et de vie cadré.
Et pour couronner le tout, je commence un traitement au lithium qui requiert de faire très attention aux reins. Parmi les prérogatives : ne pas mettre son corps en situation extrême, en manque d’eau ou encore aller en haute altitude.
Alors j’ai essayé.
Mais j’ai échoué.
Pire. Je suis tombée en dépression.
Ma 7ème depuis que j’ai 24 ans.
A ce moment-là, je n’avais plus d’espoir. J’avais une maladie qui m’empêchait d’avoir la vie qui me convenait. Soit je souffrais d’une bipolarité non traitée soit j’abandonnais ma mission de vie d’aventurière.
La peste ou le choléra ? Je préférais abandonner.
Et je regardais sur internet dans quel pays aller pour me faire euthanasier.
Heureusement, l’amour de mes proches m’a donné le dernier shot d’énergie pour trouver une solution. J’ai cherché un médecin qui pourrait m’aider à allier ma maladie et ma mission de vie.
Et je l’ai trouvé. Elle est psychiatre et psychanalyste, et elle est aventurière sur l’eau dès qu’elle ne travaille pas. Alors elle m’a compris.
On a testé différents traitements pour en trouver un qui serait moins contraignant. Et je me suis mise quelques règles pour éviter l’instabilité de mes humeurs.
Mais, c’est surtout l’ascension du Mont Lénine qui a tout changé dans ma relation à la maladie.
J’ai commencé mon ascension finale après avoir effectué la rotation. Pour rappel la rotation c’est : je suis montée progressivement jusqu’à 6200m, puis je suis redescendue à 3600m pendant 3 jours afin que mes globules rouges se multiplient (pour transporter plus rapidement l’oxygène manquant en altitude aux muscles et organes vitaux). Je vous invite à lire mes 3 publications précédentes pour plus de précisions.
Pendant toute cette ascension finale, j’ai décidé d’être au maximum indépendante et dans l’écoute de mon corps : Porter mes 18kg sur le dos, me faire à manger, aller chercher la glace à faire fondre, définir les horaires de départ, définir le jour du final push.
Cette écoute de mon corps est fortement renforcée par le fait que je dois être alerte à beaucoup plus de choses que les personnes qui ne sont pas atteintes de bipolarité : je dois dormir suffisamment, boire suffisamment, sentir lorsque j’ai tendance à partir en euphorie ou en déprime.
Dans cet état d’esprit de connexion complète avec mon corps, je suis allée du camps de base (3600m) au camps 1 (4400m), puis du camps 1 au camps 2 (5200m) et enfin du camps 2 au camps 3 (à 6200m). Et ma maladie est progressivement devenue mon garde fou ou ma meilleure amie qui m’a aidé à prendre soin de moi dans des situations aussi extrêmes.
Comme un dernier signe de profond respect et amour pour moi, j’ai décidé de faire le final push le jour d’anniversaire de mon papa défunt. Il me promulguait toutes ces valeurs et il se battait contre mes excès et toutes ces fois où je m’oubliais. Je voulais y penser chaque minute de mon ascension.
A 23h30 le 20 aout, j’ai commencé la montée, et alors que beaucoup ont rebroussé chemin face au vent à 40km/h, à la température de -25 degrés ou à la tempête de neige, mon mental a tenu car il a survécu a largement pire lors de mes dépressions. Et après 12h d’effort intense je suis arrivée au sommet à 7134m.
Mais ma plus grande victoire a été de redescendre la montagne sans être arrivée au bout de mon énergie, et surtout sans tomber dans les profondeurs après avoir touché les étoiles. C’était le signe de ma guérison, et des adieux avec les montagnes russes qui m’ont tant fait souffrir.
Aujourd’hui, je peux le dire:
J’ai vaincu ma maladie.
Ou plutôt, je vis avec et c’est ma plus grande force.
Alors, si vous vivez un moment difficile,
Je vous promets qu’il faut y croire,
Ne perdez pas espoir !
Dans une semaine, je vous raconte toute les leçons de vie que j’ai apprises lors de cette expédition en haut altitude !
A dimanche prochain,
Léa
Merci d’avoir lu ce chapitre
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Un immense merci à celles et ceux qui mettent déjà leur pierre à l’édifice 🙏
Ton parcours est super inspirant, et je ne parle pas que de ton ascension ! Merci d'être vulnérable avec nous. Merci de nous donner ta force. Et merci pour nous embarquer dans tes aventures ! Tu m'encourage à croire à en moi et en mes rêves. <3
Bonjour Léa, comme je t’envie d’avoir trouvé une solution pour vivre avec ta dépression. De mon côté, cela fait plus de 30 ans que je vis avec (j’ai 51 ans), et à la fin de ce mois, je dois retourner vivre chez mes parents car j’ai perdu le peu que j’avais gagné … Mes 2 enfants que je n’ai pas vus depuis bientôt un an, mon appartement, chômage -encore- depuis un an et demi, dettes s’élevant à plusieurs dizaines de milliers d’euros. Il y a 2 ans, je gagnais encore 6 000 euros net / mois, mais ce n’était qu’un passage… Je n’ai pas de vrai diagnostic, unipolaire on m’a dit, mais peut-être bipolaire phase 2, je ne connaissais pas …
Tu n’es pas médecin, je t’envie mais sans jalousie bien sûr, je me réjouis au contraire que tu ailles bien ! Cela me donne l’espoir que cela est possible, mais l’idée que cela se transforme en réalité me paraît tellement loin …
Continue à partager ton experience, ta sincérité et ta transparence sont les bienvenues pour nous qui souffrons, et elles t’honorent, sans honte, au contraire ! Merci.